Un ménage à trois ? 2012

Un ménage à trois ? 2012

 

Politique, marines nationales et marines de commerce : un ménage à trois ?

 

De tous temps, les bâtiments militaires ont assisté ou escorté les navires de commerce.

Chez les Vikings, les embarcations étaient à la fois civiles et militaires :on faisait la guerre, on pillait et on rentrait et on recommençait. Quelquefois on restait, ce qui nous vaut une bonne partie de l’histoire de notre Normandie et à nos voisins britanniques la base de leur propre langue…

Les Phéniciens armaient des bâtiments de guerre qui naviguaient toute l’année afin de protéger leurs côtes et leurs embarcations de commerce.

En cas de conflit, l’implication commune -sans être inévitable- est souvent indispensable.

Dès la bataille de Lépante, en 1571, on notait déjà la présence de quelques galiotes, armées pour la circonstance.

On dit aussi qu’en 1588 l’ « Invincible » Armada avait des navires de commerce hâtivement transformés en bâtiments de guerre.

Au 18e siècle, les navires armés à la course avaient eux aussi un double rôle.

Plus près de nous, lors de la seconde guerre mondiale, on vit apparaître l’importance prise par les escortes militaires des convois de navires civils, indispensables pour l’acheminement des troupes et du matériel.

Mais nous arrivons maintenant dans un autre registre : une sorte mélange des conflits, impliquant simultanément deux forces. Un exemple nous en a été fourni par la dispute sino-japonaise des îles Senkaku, appelées Diaoyu par les chinois.

Historiquement, il semble qu’elles aient d’abord été territoire chinois, mais l’empire du milieu semble s’en être désintéressé au 19, trop occupé par des conflits internes,  et a laissé les japonais s’y installer, sans réagir. À tel point qu’une carte chinoise de 1960 les situe dans les eaux territoriales japonaises…

Mais voilà, la découverte de gisements de pétrole change la donne : des îlots apparemment sans intérêt deviennent brusquement un enjeu stratégique. Depuis les lustres, les pêcheurs japonais avaient l’habitude d’y jeter leurs filets. Dès le début de leur revendication, les chinois envoient des vedettes armées pour chasser les japonais, puis après un ballet-spectacle, finissent par se retirer. Les japonais envoient plus de pêcheurs ; les chinois ripostent en envoyant des frégates, puis des centaines de bateaux de pêche, pour bien montrer qu’ils sont chez eux. L’escalade ne s’arrête pas là : Le 25 septembre, à grand renfort de publicité, les chinois mettent en service leur premier porte-avions ; ils ont maintenant la 3e flotte de guerre du Pacifique, derrière le Japon, la 7e Flotte américaine étant à la première place. Pour ne pas être de reste, les japonais annoncent la mise sur cale d’un porte-hélicoptères d’attaque, leur plus gros navire de guerre depuis 1945 !

En Chine, les concessions de voitures japonaises sont attaquées par des « civils », avec l’accord tacite des autorités et les véhicules appartenant à des particuliers sont détruits, bien que leurs propriétaires n’aient strictement rien à voir avec la dispute territoriale ; on peut même penser qu’ils sympathisaient avec la cause nationale.

Au même moment, Taiwan envoie plusieurs dizaines de bateaux, tant civils que militaires, car ce pays revendique également les îles en question.

A la mi-octobre, les gouvernements chinois et japonais laissent entendre qu’ils pourraient s’arranger, mais l’accalmie sera de courte durée.

Début décembre, un avion militaire chinois survole la zone contestée.

Au même moment, ce sont des navires de pêche, donc civils,  chinois qui coupent « accidentellement » des câbles sismiques vietnamiens, dans une autre zone contestée.

Imaginons une escalade sur le plan militaire entre deux  puissances économiques, disposant l’une d’une marine de guerre traditionnellement bien formée et déterminée, l’autre ayant environ 2,3 millions d’hommes à sa disposition, sans compter plusieurs millions d’appelés, les milices et les réservistes .

 

Les conflits purement militaires existent toujours, mais de plus en plus souvent, l’élément déclencheur est plus commercial que politique, les marines étant souvent au premier plan.

Encore maintenant, la piraterie, que l’on croyait disparue, fait souvent la « une » de l’information et on voit bien sûr que la protection des navires de commerce fait partie de la mission des marines militaires.

On en revient à la dissuasion, chère à certains de nos dirigeants...

Si vis pacem, para bellum ?

 

2012

Ajouter un commentaire

Anti-spam