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Un arrêté du 14 mars 2014, publié le 18 au J.O., interdit les mouvements financiers concernant un certain nombre d’individus et de sociétés, soupçonnés de participer à des entreprises terroristes ou d’aider l’industrie nucléaire de pays à l’index, notamment l’Iran. Bien.

On trouve dans la liste l’Irano Hind Shipping Co. , domiciliée à Téhéran. Re bien.

Irano Hind est une société commune fondée en 1975, par les Islamic Republic of Iran Shipping Lines (51%) et la Shipping Corporation of India (49%), toutes deux sociétés d’État. Huit navires, pétroliers et minéraliers, sous pavillon iranien et indien.

L’ennui est que la société a été officiellement dissoute le 3 avril 2013, et les navires récupérés (Sept pour l’Inde qui avait assuré l’essentiel des remboursements de prêts en cours et un pour l’Iran)

On peut donc se poser la question sur le sérieux de tout ceci : la mesure concerne une entité qui n’existe plus depuis près d’un an !  Ou « on »  le savait et on se demande pourquoi la procédure n’a pas été interrompue, ou « on » ne le savait pas, et là, c’est grave. Cela signifierait simplement que du haut de son fauteuil de bureau, en un an, pas un bureaucrate n’a eu l’idée de faire les recherches nécessaires ; ce que Marinfos, avec des moyens simples et parfaitement légaux  a pu trouver et publier en son temps ; l’appareil étatique avec toutes ses possibilités aurait dû pouvoir en faire autant . Manquerait- on  d’initiative et de deux sous de bons sens dans les ministères ?

Hélas, la réponse semble être oui !

 

On le voit aussi dans les réactions de nos dirigeants et de la presse, semblant –sans doute au nom du « politiquement correct »- se poser la question sur la livraison des deux BPC commandés par la Russie, dont l’un en est déjà aux essais.

« Inquiétude », « remise en cause », « annulation », tout y passe. On « menace », sachant parfaitement qu’il est impossible de faire quoi que ce soit : la Russie a déjà payé une partie de la commande et si on l’annulait, il faudrait rembourser et renonce au reste, soit la bagatelle de plus d’un  milliard !

Sans compter la perte de réputation de la France qui se verrait rayée de liste des fournisseurs de la Russie pendant des années. Souvenons-nous de l’affaire des vedettes de Cherbourg en 1969, qui nous avait valu d’être rayés de la liste des fournisseurs d’Israël au profit des États-Unis (nous fournissions alors 90% de leur aviation de chasse)

La France « menace » donc ce bon Vladimir d’annuler la commande. Bien entendu, Vlad n’en a rien à faire, sachant parfaitement que nous avons tout à y perdre. La Russie le fait déjà savoir :  http://tinyurl.com/o4fszv4   Nos rodomontades, fussent-elles ministérielles, n’impressionnent personne…

Du reste, notre brave homme (ancien colonel-directeur du KGB ; on ne se refait pas) ne s’encombre pas inutilement : en 72 heures, il a incorporé la Crimée, référendum, reconnaissance et annexion comprise !

 

Sans aller jusque-là, nous pourrions peut-être accélérer le mouvement dans un certain nombre de dossiers ; mais voilà, nos braves fonctionnaires veillent : nous restons à la traîne un peu partout, avec comme dernier exemple les gardes armés à bord des navires battant pavillon français. Une fois l’accord (péniblement) trouvé, on bute maintenant sur des questions secondaires qui risquent de prendre encore des mois, si ce n’est des années. Pas si simple, me dit-on ; il y a des lois et des procédures administratives à respecter et ça prend du temps. Ah oui ? Dans d’autres domaines, notamment celui de l’idéologie,  il en a fallu beaucoup moins pour préparer un projet de loi, le faire adopter tambour battant par l’Assemblée nationale et le Sénat et publier la loi au J.O. dans les jours qui suivaient…

Alors, la position de la machine administrative, lourde comme chacun sait, devient brusquement légère quand il s’agit de quitter le domaine économique. On nous parle de « droits », et d’ « idéalisme »,   mais jamais de « devoirs » et de « pragmatisme », noms qu’on ne trouve chez nous que dans les dictionnaires.

Pourtant, il y a quelques années, la Belgique en avait fait preuve : devant la multiplicité des obstacles pour rester sous pavillon belge, la quasi-totalité des navires de commerce encore immatriculés dans le pays était passée sous pavillon luxembourgeois, devant pourtant sensiblement répondre aux mêmes critères communautaires. Mais les règlements européens peuvent se contourner, on peut temporiser, etc. Un an plus tard, les navires concernés revenaient sous pavillon belge, le gouvernement ayant pris d’urgence les mesures nécessaires ! C’est ça le pragmatisme.

Mais c’est alors que chez nous le « pas si simple » reprend ses droits : il faut préserver de bons contacts avec l’Administration, « on en a besoin, » oubliant que c’est l’Administration qui doit être au service du citoyen et non l’inverse. Quand les organisations patronales concernées cesseront-elles de « regretter », de « déplorer » les prises de positions parfois bizarres, voire aberrantes, de nos ronds-de-cuir, ou l’absence totale d’icelles ?

La force des fonctionnaires est surtout une force d’inertie. On nous envie nos bureaucrates, même en Inde, dit-on, c’est vous dire L

Il est grand temps que les intéressés s’unissent pour mettre le poing sur la table, poliment mais fermement, sous peine de voir dans quelques années la flotte commerciale française sous pavillon national réduite (et encore…) à quelques navires appartenant à des armements subventionnés à un titre quelconque, avec de l’argent sortant finalement de nos poches.

Mais les ronds-de-cuir ne sont pas seuls, puissamment aidés dans leur tâche par certains syndicats, écolos,  et autres fonctionnaires internationaux, qui semblent être payés par nous pour couler le navire.

Une fois n’étant pas coutume, une petite révolution pourrait s’avérer utile pour sauvegarder le pavillon français dans des conditions acceptables pour toutes les parties. C’est faisable, malgré ce qu’en pensent les défaitistes. Chez les professionnels, le train est prêt ; il faut maintenant trouver la locomotive…

 

Sébastien d’Aurade

200314

 

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