Devra-t-on bannir les pétroliers à double-coques ?

Devra-t-on bannir les pétroliers à double-coques ?

 

Le transport du pétrole par mer ne date pas d’hier.

On dit que les grecs avaient déjà chargé des schistes bitumineux en –670.

Plus près, il semble que le premier navire à transporter du pétrole directement dans des citernes et non plus en barils soit le Elizabeth Watts qui a quitté Philadelphie en 1861.

En un siècle et demi, tout a changé, tant en taille qu’en améliorations techniques et sécuritaires : turbines remplacées par des moteurs diesel, systèmes « gaz inerte » en étant les principales.

Plus récemment, la convention MARPOL de 1992, établie à la suite du naufrage de l’Erika, a rendu obligatoire l’utilisation des double-coques, pour bannir définitivement les coques simples en 2015.

Comme d’habitude, ce sont les États-Unis qui ont donné le « la » en interdisant tout simplement dans leurs ports les pétroliers à coque unique. Tout le monde a suivi (190 pays ont ratifié la convention)

La quasi totalité du tonnage commercial supérieur à 5 000 tpl est donc en double-coques.

Presque tout le monde a loué cette disposition, destinée à éviter les catastrophes environnementales  ayant marqué ces dernières décennies.

Mais ces dispositions sont-elles si sûres et utiles qu’on le croit ?

On peut en effet avoir des doutes :

-Les qualités d’acier utilisées sont poreuses, mêmes si c’est infime. L’espace entre les coques peut se révéler très dangereux au bout d’un certain temps, par accumulation des gaz/vapeurs.

Il est de plus difficile à entretenir.

Assez régulièrement, il y a des explosions lors de travaux en cale sèche ; s’il n’y a pas de morts, on n’en parle pas…Mais à quand l’explosion spontanée en mer ?

-On a déjà relevé à plusieurs reprises des micro-fissures sur des navires récents.

-Si on a augmenté le tonnage, l’épaisseur de l’acier n’a pas toujours augmenté de façon corrélative : un minimum de 2,7cm et un maximum qui ne semble pas dépasser 3 cm.

De plus, les chantiers chinois, de plus en plus compétitifs, utilisent souvent des aciers de qualité médiocre ; tous les armateurs sérieux le savent et ont sur place un représentant permanent, ou un ingénieur qui effectue des visites régulières pour contrôler matériaux et travail.

Quid des autres ?

Sont-ils maintenant propriétaires de navires d’un standard inférieur ?

-Augmentation sensible du poids du pétrolier…et de son coût.

-Augmentation de la « fatigue » de la coque en raison des dimensions.

-Et surtout, on ne peut pas éviter les fortunes de mer, connues pour pouvoir casser en deux des mastodontes ; un « black-out » ou une erreur de navigation peut précipiter le navire sur un récif, ne lui laissant aucune chance, double-coque ou pas. Le récent exemple du paquebot Costa Concordia en est hélas l’illustration : malgré son double fond, à défaut d’une double coque, l’eau a envahi les cales, provoquant le désastre que l’on sait.

Devra-t-on bannir les double-coques avant ou après la première catastrophe ?

 

Sébastien d’Aurade

2012

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